Information Eaux 632

page 2 O f f i c e International d e l ' E a u La synthèse de l’OIEau ❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰ N° 632 PISCICULTURES ET ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES DES MILIEUX AQUATIQUES Alors que la production sauvage de poissons et coquil- lages ne suffit pas à satisfaire une demande en constante augmentation, l'aquaculture connait une forte croissance. Au moment où, avec son règlement européen n°1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes (EEE), l’UE se préoccupe de lutter contre les espèces non autochtones, il devient pertinent de se questionner sur les impacts potentiels de l’aquaculture sur la biodiver- sité, et notamment vis-à-vis de la problématique des EEE : l’aquaculture est-elle réellement une voie d’intro- duction pour les EEE ? Existe-t-il des cas avérés d’intro- duction via cette voie ? Qu’est qu’une EEE ? Suite au règlement n°1143/2014, une première liste des EEE préoccupantes pour l’UE est sortie en 2016 et a été mise à jour en 2017 et 2019 portant à 66 le nombre d’es- pèces à surveiller. Plusieurs critères régissent l’entrée d’une espèce sur cette liste : elle doit être étrangère au territoire de l’UE et de nature à implanter une population viable, etc. Son inscription doit obligatoirement permettre de prévenir, de réduire ou au minimum d’atténuer les effets néfastes de ces espèces à un coût raisonnable au niveau européen. Parmi ces 66 espèces, il existe des exemples concrets d’introduction via l’aquaculture : l Pacifastacus leniusculus : l’écrevisse de Californie, également nommée écrevisse du Pacifique ou encore écrevisse signal (Pacifastacus leniusculus), est identi- fiée au niveau européen comme une espèce exotique envahissante. Sa première introduction en France s’est faite dans les années 1976-1977, et son expan- sion dans le réseau hydrographique français est entiè- rement anthropique puisque cette dernière s’est échappée des élevages, malgré les précautions prises. l Faxionus limosus : l’écrevisse américaine a été intro- duite au début du 20 ème siècle, et a depuis colonisé l’ensemble des bassins hydrographiques français. l Pseudorasbora parva : ce cyprinidé originaire de l’est de l’Asie a été observé pour la première fois en France au début des années 1980. Il ne fait pas l’objet d’éle- vage, mais a été introduit accidentellement avec des carpes destinées à la pisciculture. Quel cadre règlementaire ? Toutefois, au niveau national, plusieurs textes de lois concernent, de manière générale, les espèces exotiques envahissantes, les espèces dites «nuisibles» ainsi que celles «pouvant occasionner des dégâts». Mais il n’existe pas de documents réglementaires concernant spécifi- quement la gestion des espèces exotiques envahis- santes en pisciculture. Cependant, en tant que pays membre de l’Union euro- péenne, la France doit respecter les règlements mis en place au niveau européen et notamment les règlements n°1143/2014 et n°708/2007 relatifs à l’utilisation en aqua- culture des espèces exotiques et des espèces locale- ment absentes. Ainsi, comme l’ensemble des autres citoyens, les pisci- culteurs ont interdiction d’introduire, de détenir, d’utiliser, d’échanger, de transporter vivantes et de commercialiser les espèces identifiées dans la réglementation. Si une espèce appartenant à cette liste est repérée par le pisci- culteur, il doit l’éliminer en prenant soin d’éviter toute douleur, détresse ou souffrance. Quels conseils pour les professionnels ? Si certaines voies d’introduction ont fait l’objet de guides de bonnes pratiques, telle que l’horticulture, ce n’est pour l’instant pas le cas de l’aquaculture, au niveau européen ou national. Cependant, à une échelle beaucoup plus locale, des guides de bonnes pratiques ont été identifiés : ils ne sont pas rédigés spécifiquement pour les pisciculteurs, mais pour tout détenteur d’étangs. Dans ces documents, des points d’attention sont souvent portés sur les espèces pouvant potentiellement créer un déséquilibre biologique et sur des phases de gestion cruciale, pour éviter l’intro- duction et la propagation d’EEE à partir des étangs : l’empoissonnement de l’étang et la vidange. Il serait intéressant de compiler ces informations et de rédiger un guide de gestion des EEE en aquaculture au niveau national, pour donner les clés de compréhension de la problématique et proposer les actions possibles. Ces extraits proviennent d’une synthèse d’Eva THIERRY de l'OIEau : "Piscicultures et espèces exotiques enva- hissantes des milieux aquatiques - Etude bibliogra- phique", réalisée avec le soutien financier de l’AFB. Le texte intégral peut être consulté sur Eaudoc. La liste complète des Synthèses disponibles est consultable sur le site: www.oieau.fr/eaudoc/publications/ syntheses-techniques

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