Information Eaux
page 2 Depuis 1950, la production mondiale de plastique cumule un total de 8.3 milliards de tonnes, et a atteint 335 millions de tonnes en 2017. Une partie non négligeable de cette production se retrouve libérée dans l’environnement, notamment dans les océans, milieu récepteur final de cette pollution. Très récemment, le sujet a pris une nou- velle ampleur en s’élargissant au domaine continental. Définition et origine des microplastiques Les microplastiques (MPs) peuvent être définis par leur taille et leur composition chimique. Ils sont communément définis comme des particules de taille comprise entre 1 µm et 5 mm de diamètre, issues de polymères. En milieu continental, on retrouve principalement des résidus issus de plastiques acryliques, de polyamides, de polyester, de polyéthylène, de polypropylène et de polystyrène. Comme de nombreux additifs peuvent être ajoutés à leur formulation pour leur conférer certaines propriétés physiques ou mécaniques (souplesse, ignifu- gation, résistance, …), on aboutit à plus de 5.300 types de polymères de plastiques. On distingue : l les MPs primaires, particules manufacturées volontai- rement à taille inférieure à 5 mm, utilisés dans des procédés de plasturgie ou de production de cosmé- tiques (exfoliants), l les MPs secondaires, issus de la dégradation de macroplastiques par les conditions environnemen- tales (exposition aux rayons U.V. et températures extrêmes, abrasion, biodégradation). Les fibres tex- tiles issues des lavages en machine, retrouvées direc- tement à l’état particulaire dans les réseaux d’eaux usées, sont considérées comme des MPs secon- daires. Principaux moyens de diffusion des MPs dans les hydrosystèmes Tout comme dans le milieu marin, les MPs sont ubiquistes et leur présence a pu être détectée dans les rivières, les lacs et les estuaires du monde entier. Ils proviennent des aérosols (fibres issues de textiles, d’incinération, …), du lessivage des sols, des rejets de stations de traitement des eaux usées (qui reçoivent les eaux grises, noires, et souvent une partie des eaux pluviales). Risques liés au MPs Plusieurs voies de contamination liée au MPs sont obser- vées : l Biofouling : les MPs servent de support à des mi- cro-organismes, qui peuvent ensuite être remis en suspension. L’implication des plastiques dans la diffu- sion de maladies infectieuses reste toutefois mal connue. l Adsorption, désorption : les plastiques, hydro- phobes sont susceptibles, par leur petite taille et leur grande surface spécifique, d’adsorber et de concen- trer un grand nombre de contaminants organiques (PCB, HAP, hydrocarbures, pesticides, DDT, ETM), affectant leur mobilité et leur biodisponibilité. Les MPs peuvent donc être une voie d’entrée de ces contami- nants, bioaccumulables, dans les chaines trophiques. l Lixiviation : selon la fonction et l’usage prévu du plas- tique, sa composition intrinsèque change et des concentrations variables d’adjuvants peuvent être retrouvées. Des molécules comme les retardateurs de flamme (PBDE et autres composés organochlorés), les agents plastifiants (BPA, alkilphénol, phtalates) ont des effets avérés sur les organismes. Toutes ces substances sont sur la liste des polluants prioritaires ou reconnus comme polluants organiques persistants (POP, bioaccumulables, toxiques et mobiles), CMR (Cancérogènes et/ou Mutagènes et/ou toxiques pour la Reproduction) ou perturbateurs endocriniens. l Dégradation, fragmentation : les MPs peuvent sous les effets combinés des UV, de l’abrasion ou de la biodégradation par des bactéries, se fragmenter, don- nant des particules toujours plus petites, plus difficile- ment quantifiables et identifiables. Les effets de ces ”nanoplastiques” sont encore peu connus, mais leurs capacités à franchir les barrières physiologiques font partie des grandes inquiétudes actuelles. Il n’existe aujourd’hui pas suffisamment de données sur la quantité moyenne de MPs ingérés, leur toxicité et leur devenir dans l’organisme pour mener à bien une évalua- tion complète des risques sur la santé humaine. Efficacité des filières de potabilisation Une étude tchèque de 2018 montre qu’un traitement clas- sique (Coagulation/floculation, flottation, filtre sur sable et filtre à charbon actif) offre un rendement moyen de 83 % pour l’élimination des MPs (de 1µm à 5 mm) avec un effet moindre sur les MPs de taille comprise entre 1 et 10 µm. D’autres procédés pourraient avoir de meilleurs rende- ments : la microfiltration, l’ultrafiltration ou, dans une moindre mesure, l’osmose inverse, ont des seuils de cou- pure fins qui en théorie ne devraient pas laisser passer de particules. Ces technologies sont toutefois coûteuses et leur mise en place pour traiter les MPs induirait une forte hausse de la facture d’eau pour les usagers. Ces extraits proviennent d’une synthèse de Pierre CORFDIR, étudiant d’AgroParisTech Montpellier : ” Microplastiques dans les hydro- systèmes continentaux en France : origines, occurrences, risques sanitaires via l’eau po- table et traitements”. Le texte intégral peut être commandé à l’adresse : eaudoc@oieau.fr . La liste complète des Synthèses disponibles est consultable sur le site : www.oieau.fr/eaudoc/publications/ syntheses-techniques O f f i c e International d e l ' E a u La synthèse de l’OIEau ❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰ N° 631 LES MICROPLASTIQUES DANS LES HYDROSYSTÈMES CONTINENTAUX
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