Information Eaux
page 2 Actuellement, plus de la moitié de la population mondiale réside en zone urbaine, et d’après l’ONU, cette proportion devrait passer à près de 70 % d’ici 2050. Les villes connaissent ainsi une augmentation importante de leur surface, et cet étalement urbain participe à la dénaturation, à l’artificialisation et à la fragmentation des espaces naturels et, de ce fait, à l’érosion de la biodiver- sité. Avec le développement du concept du développement durable, la biodiversité en zone urbaine est devenue un sujet de préoccupation. Mais alors que la biodiversité ”terrestre” est relativement bien renseignée, la restaura- tion des milieux aquatiques en ville reste, quant à elle, beaucoup plus discrète. Or, dans un contexte de changement climatique, la pré- sence d’écosystèmes aquatiques préservés apporte de nombreux services écosystémiques : lutte contre les îlots de chaleur que constituent les zones urbaines, diminution du risque d’inondation lié à l’imperméabilisation des sols ou à la canalisation des cours d’eau, préservation de la biodiversité, amélioration de la qualité de vie… Une réglementation incitative. En France, la règlementation agit pourtant comme un levier pour mettre en œuvre les projets de rétablissement d’une biodiversité aquatique en ville : l tout d’abord, la Directive-Cadre sur l’Eau (DCE), au travers de ses objectifs de bon état qualitatif mais aussi écologique, peut être invoquée pour l’exécution de travaux de renaturation ou recréation d’espaces artificialisés ; l les Trames Verte et Bleue (TVB) issues du Grenelle de l’Environnement de 2007 et intégrées aux Schémas Régionaux d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET) en 2016, instituent des corridors biologiques, qui doivent notamment assurer la continuité écologique entre milieu urbain et milieu rural ; l la loi ALUR de 2014 a mis en place un ”Coefficient de Biotope par Surface” (CBS) qui, dans les documents d’urbanisme vient en complément du ”Coefficient d’Occupation des Sols” ; il vise non seulement à conserver un certain taux de foncier non imperméabi- lisé et non artificialisé, mais aussi à assurer des ser- vices écosystémiques ; l la Loi de Modernisation de l’Action Publique Territo- riale et d’Affirmation des Métropoles de 2014 institue la Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations (GEMAPI) par les communes et les établissements publics de coopération intercommu- nale. Cette nouvelle compétence peut être un levier important pour la restauration de milieux et donc de la biodiversité aquatique en zones urbaines en tant que moyen de lutte contre les inondations. Malgré ce contexte favorable, des freins persistent. Tout d’abord, le manque d’espace disponible : la pres- sion foncière en zone urbaine rend difficile l’acquisition de terrains en vue d’une restauration écologique. Comme corolaire, la question du financement des projets de restauration de la biodiversité aquatique est cruciale, non seulement pour l’achat des surfaces, mais aussi pour l’entretien des aménagements : les espaces urbains favo- risant la biodiversité sont souvent vus comme exigeants en termes d’entretien. En effet, des espaces plus minéra- lisés sont souvent perçus comme demandant peu de main d’œuvre ou plus faciles à mettre en place, avec des coûts de fonctionnement plus faibles. Ensuite, si des espaces ”naturels” sont de plus en plus demandés par les populations urbaines, le réaménage- ment d’espaces terrestres ou aquatiques peut souvent être réalisé dans un seul but paysager, avec la mise en avant de l’aspect esthétique, sans prise en considération de l’aspect écologique. Il est ainsi nécessaire que le travail soit le plus possible réalisé en concertation avec les différents acteurs dès la préparation des travaux. Les fonctions esthétiques, hydrauliques et écologiques sont trop souvent dissociées. Les travaux de restauration des cours d’eau doivent aussi absolument prendre en compte l’acceptabilité sociale du projet. Il est nécessaire de travailler avec les élus et la population locale en établissant des enquêtes ou études de perception du projet à effectuer. En amont du projet, une phase de concertation, de sensibilisation avec les usagers permet de présenter les effets des aménage- ments. Les zones humides, par exemple, sont souvent victimes d’une mauvaise réputation, conduisant à leur assèchement en zone urbaine. Les projets concernant leur restauration ou création en ville peuvent faire face à une opposition forte de la part des locaux. Les principaux freins mis en avant sont liés à des ”peurs” de l’ordre sani- taire (présence de moustiques…) ou au risque de noyade associé à un plan d’eau. Ces extraits proviennent d’une synthèse de Sophie MICHON, étudiante d’AgroParisTech Montpellier : ”Favoriser la biodiversité aqua- tique en ville : pourquoi et par quels moyens ?”. Le texte intégral peut être commandé à l’adresse : eaudoc@oieau.fr . La liste complète des Synthèses disponibles est consultable sur le site : www.oieau.fr/eaudoc/publications/ syntheses-techniques O f f i c e International d e l ' E a u La synthèse de l’OIEau ❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰ N° 630 Bilan des services écosystémiques rendus par les zones humides ©graie.org ©graie.org ©eaufrance.fr LA BIODIVERSITÉ AQUATIQUE EN VILLE : BÉNÉFIQUE, MAIS DIFFICILE À RESTAURER
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