Information Eaux
page 2 Les inondations sont une réelle menace en France: Environ un tiers des communes, dont 300 grandes agglo- mérations, sont classées en Zones Inondables et le mon- tant annuel des dommages dus aux inondations s’élève à 250 millions d’Euros, soit 80 % du coût total des dégâts causés par les catastrophes naturelles dans notre pays. La stratégie classique et historiquement dominante de gestion du risque d’inondation a longtemps été fondée sur l’aménagement des cours d’eau (chenalisation, digues). Mais, nul n’est à l’abri de subir une crue dépas- sant la hauteur des digues ou d’une rupture d’ouvrages mal entretenus…. Au lieu de concentrer toutes les actions sur la protection contre cet aléa, il s’agit dorénavant d’agir également la résilience et sur l’appréciation des enjeux (économie, infrastructures, bâti…). Un nouveau paradigme pour la gestion des inondations La nouvelle stratégie de gestion est actuellement régie par la loi n°2010-788 et le décret n°2011-277 traduisant en droit français la Directive européenne Inondation du 23 octobre 2007. Elle se fonde sur les notions de réduc- tion de la vulnérabilité des enjeux et d’amélioration de la résilience des territoires. Ces orientations, pour le mo- ment encore assez théoriques, sont en train d’être mises en œuvre en France. Il existe trois grands principes pour réduire la vulnéra- bilité des bâtiments : éviter, résister ou céder l Eviter : En construction neuve ou en rénovation, il s’agit par exemple de placer le plancher au-dessus du niveau des plus hautes eaux en créant un vide sani- taire, en remblayant le terrain sur lequel le bâtiment est implanté ou en fondant le bâtiment sur pilotis. l Résister: Par résister, on entend garder l’intérieur du bâtiment au sec en maintenant l’eau à l’extérieur, soit de manière permanente (obturation des points d’en- trée d’eau par le sous-sol, les ouvertures, le réseau d’évacuation des eaux usées et les murs) ou tempo- raire (batardeaux, sacs de sable etc.). l Céder : Par céder, on entend admettre la pénétration d’eau dans le bâtiment , mais en limitant les détériora- tions (création d’un espace refuge, biens précieux ou fragiles en étage, ….) et en réduisant le délai de retour à la normale après la crue. La démarche française sur l’existant En France, rares sont les territoires à avoir un retour d’ex- périence sur la démarche de réduction de la vulnérabilité. On peut cependant lister des étapes essentielles : l Identification des zones vulnérables La partie cartographique du Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) présente trois zones de couleur en fonction du degré d’exposition au risque pour la crue centennale au minimum ou la crue historique la plus défavorable. Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et le Plan d’Occupation du Sol (POS), qui régissent la construction, reprennent les obligations inscrites au PPRI. l Sensibilisation des propriétaires Le porteur de la démarche de réduction de la vulnérabili- té doit d’abord cibler son public pour être efficace. l Accompagnement Il est nécessaire d’accompagner les propriétaires convaincus: élaboration d’un diagnostic de vulnérabilité aboutissant au choix de mesures adaptées à leur situa- tion, à l’estimation du coût de leur mise en œuvre, à l’ob- tention des financements et à la consultation d’entre- prises pour les travaux. Des freins à la réduction de la vulnérabilité La mise en place d’une démarche de réduction de la vul- nérabilité du bâti et de l’habitat peut toutefois se heurter à plusieurs difficultés : l Méconnaissance de l’aléa : lors de l’établissement du diagnostic se pose le problème de la méconnais- sance de l’aléa, à savoir la hauteur d’eau atteinte par l’inondation, la vitesse du courant et la durée de sub- mersion, pour pouvoir faire le choix des mesures appropriées. l Financement et acceptation : l’avance des frais de travaux par les propriétaires peut constituer un blo- cage. Les subventions ne couvrent pas en général l’in- tégralité du coût des travaux. Tous les ménages n’ont pas les moyens économiques pour se permettre ses investissements à titre individuel l Rentabilité incertaine : le retour sur investissement est d’autant plus rapide que la fréquence des inonda- tions est élevée pendant la durée d’occupation du bien par le propriétaire. Les mesures de réduction de la vulnérabilité sont plus facilement mises en œuvre lorsqu’elles s’inscrivent dans un programme plus large de travaux de remise à neuf, de réparation après une inondation ou de réhabilitation d’un bien car alors leur coût est inclus dans le projet d’ensemble. Des facteurs dissuasifs D’autres paramètres peuvent ralentir la mise en place d’une stratégie de réduction de la vulnérabilité : l Le système d’indemnisation : le système CatNat d’indemnisation n’encourage pas la mitigation : les propriétaires, étant indemnisés pour une remise en état des biens couverts par leur contrat d’assurance, ne sont pas incités à la réalisation de travaux préven- tifs de réduction de la vulnérabilité. l Le sentiment de protection : lorsqu’un bâtiment est protégé par des digues, par exemple, les propriétaires se sentent rassurés en pensant que le risque des inon- dations n’existe plus ou est fortement diminué. l Le marché de la construction : il peut exister une réticence des entreprises du bâtiment en raison, soit de leur incrédulité face à la réalité du risque, soit de leur absence de savoir-faire technique, soit pour limi- ter les devis présentés au maitre d’ouvrage. Ces extraits proviennent d’une synthèse d’Hélène LANDMANN, étudiante d’AgroParis- Tech Montpellier : ”Etat des lieux des dé- marches de réduction de la vulnérabilité sur le bâti face à l’inondation”. Le texte intégral peut être commandé à l’adresse : eaudoc@oieau.fr . La liste complète des Synthèses disponibles est consultable sur le site : ww.oieau.org/eaudoc rubrique ”Nos publications”. QUELLE STRATÉGIE POUR RÉDUIRE LA VULNÉRABILITÉ DES BÂTIMENTS AUX INONDATIONS ? La synthèse de l’OIEau ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ ❰ N° 625
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